Un peu d'histoire...

Géographie et histoire

L’émirat d’Abu Dhabi, qui fait 67 340 km2, couvre presque la totalité du territoire des Émirats arabes unis (EAU). Il est délimité au nord par le golfe Persique, au sud par l’Arabie saoudite et à l’est par le sultanat d’Oman. La ville Abu Dhabi est la capitale de l’émirat du même nom (anciennement Trucial Oman) et la capitale nationale des EAU. L’émirat d’Abu Dhabi se compose d’une large « plaine côtière semi-désertique ».

 

Abu Dhabi n’a pas toujours été la ville effervescente que nous connaissons aujourd’hui. Ce territoire fut pendant longtemps sans aucune colonie ni population établie. L’année 1761 marque l’arrivée des tribus du clan Āl Bū Falāh de la confédération Banū Yās sur le territoire. Au XVIIe , ce territoire est disputé par les Britanniques, les Français et les Hollandais à la suite du déclin de l’emprise exercée par les Portugais sur la région depuis le XVe siècle. Après leur victoire, les Britanniques se sont approprié le territoire des Émirats. Par la suite, c’est le XIXe siècle qui fut une des périodes les plus animées de l’histoire d’Abu Dhabi et des autres émirats. 

 

La période moderne de l’émirat est profondément marquée par la présence britannique dans la zone du Golfe. La région fut surnommée par les étrangers Pirate Coast (la côte des pirates), en raison du grand nombre et de la fréquence des attaques de pirates contre les navires de pêche européens notamment. Désirant protéger la route d’exportation maritime vers l’Inde et assurer sa domination sur le territoire, la Grande-Bretagne, comme à son habitude, imposa des traités. Ceux-ci avaient comme objectif de créer une relation exclusive entre la Grande-Bretagne et les émirats et de les isoler ainsi de facto du reste du monde, notamment de l’Inde et du monde arabe. Le territoire fut divisé en plusieurs entités appelées États de la Trêve (Trucial States) autour des années 1820, créant ainsi de nouvelles zones géographiques autonomes. Ces zones sont gouvernées par des familles locales qui jusqu’alors vivaient relativement en paix. Dans les années 1920, un rapport de force a commencé à s’opérer entre les diverses familles entraînant plusieurs luttes sanglantes et conflits internes. Pour l’émirat d’Abu Dhabi, la famille al-Nahyan, dirigée par le cheikh Shakbout bin Sultan (qui régna de 1928 à 1966) s’imposa et permit de stabiliser la région. Les Britanniques laissèrent une large autonomie aux familles locales et se mêlèrent peu dans leurs affaires intérieures tant que les intérêts britanniques n’étaient pas en jeu. La pêche à la perle est alors l’activité économique principale de la ville d’Abu Dhabi. Une économie qui est soutenue par les Iraniens et les Indiens. À partir de 1929, cette industrie connaît un déclin à la suite du développement de l’industrie japonaise de la perle de culture et de la récession économique mondiale.

 

Au XXe siècle, l’intérêt des Britanniques pour ce territoire se voit décupler en raison de l’exploitation pétrolière. Des gisements de pétrole ont en effet été découverts à Abu Dhabi en 1958 et exploités à partir de 1962. L’émirat d’Abu Dhabi voit sa situation économique changer du tout au tout puisqu’il devient un géant pétrolier. Les concessions pétrolières ont alors posé problème et il a fallu revoir les frontières du territoire. L’exploitation pétrolière vient secouer les relations entre les divers émirats et changer les rapports de force entre ceux-ci, créant des conflits (entre Abu Dhabi et Dubaï, Abu Dhabi et le Qatar, Sharjah et Dubaï, entre autres). En 1966, le cheikh Shakhbout bin Sultan Al Nahyan est destitué en raison de ses politiques trop conservatrices qui freinaient la modernisation d’Abu Dhabi. Il est remplacé par son jeune frère Zayed bin Sultan, ancien gouverneur de la partie contrôlée par Abu Dhabi de l’oasis d’Al-Buraimi. L’électricité, l’eau courante et un système d’égout central sont alors aménagés dans le cadre d’un plan d’aménagement lancé en 1968.

 

Les États accèdent à leur indépendance en décembre 1971, devenant l’EAU et regroupant les émirats d’Abu Dhabi, de Dubaï, de Sharjah, d’Ajman, de Fujaïrah, de Ras el Khaïmah et d’Oumm al Qaïwaïn, enclenchant le départ des Britanniques, et ce, même si le Royaume-Uni exerce encore une forte emprise économique encore aujourd’hui.

 

La ville d’Abu Dhabi d’aujourd’hui

Aujourd’hui, Abu Dhabi a laissé son passé de ville de pêche et de Trucial loin derrière elle, même s’il existe encore des traces de la présence britannique. L’image de ville sous-développée est désormais chose du passé. Les gratte-ciel et les espaces verts se multiplient aujourd’hui à Abu Dhabi, qui connaît une croissance qui ne devrait pas ralentir au cours des prochaines années. Toutefois, le refus persistant du cheikh Zayed bin Sultan al Nahyan de vendre des propriétés aux étrangers a empêché Abu Dhabi d’enregistrer la même croissance que Dubaï. Ce refus a aussi eu des répercussions sur les investissements étrangers. Après la mort de ce cheikh le 4 novembre 2004, Abu Dhabi a commencé à se transformer en un lieu « de tourisme, de divertissement et de culture » sous l’égide du cheikh Khalifa bin Zayed al Nahyan et de son jeune frère  ou son demi-frère selon les sources, le cheikh Mohammed bin Zayed al Nahyan,. Après le décès du cheikh Khalifa bin Zayed al Nahyan le 13 mai 2022, cheikh Mohammed bin Zayed al Nahyan lui a succédé à la tête de l’émirat. Celui-ci dirigeait déjà l’émirat depuis 2014 en raison du mauvais état de santé du cheikh.

L’émirat continue de prospérer économiquement grâce au pétrole et au carburant qui sont produits par la région. Désirant diversifier son économie, les autorités d’Abu Dhabi et le Abu Dhabi Urban Planning Council ont mis en place, en août 2007, le plan Abu Dhabi Vision 2030 afin de permettre à l’émirat de ne pas dépendre d’une seule ressource économique. Ce plan inclut également une stratégie en faveur de l’écologie et d’un développement respectueux de l’environnement, deux pratiques qui sont à la mode du jour

La religion de l’Islam est celle qui prédomine à Abu Dhabi et dans les autres émirats. La liberté de religion est reconnue, mais elle s’applique surtout dans la sphère personnelle plus que publique.  La charia, un texte de loi basé sur le Coran et les écritures de Sunnah, est au cœur non seulement du Code pénal émirien, mais elle sert aussi de guide moral et éthique pour la population des EAU et les étrangers qui sont sur leur territoire. En 2022, une refonte a permis l’allègement de certaines règles toujours en vigueur, comme la possibilité de vivre en concubinage, ce qui était avant impensable. Certains spéculent que ce changement de cap pourrait coïncider avec le nouveau credo d’Abu Dhabi, dont les nouveaux mots d’ordre sont diversité, culture, inclusion et tolérance. Cette évolution vise peut-être aussi à attirer encore plus d’investisseurs étrangers qui étaient rebutés par les lois de l’émirat qu’ils qualifiaient de rigides

L'ascension des Émirats se fait à travers le savoir et l’éducation. Entre autres, la France a également contribué à l’ouverture d’universités et d’autres écoles (Institut européen d'administration des affaires (INSEAD) et École des hautes études commerciales (HEC)) à Abu Dhabi. Comme cela a déjà été mentionné, les universités et l’éducation jouent un rôle important dans la révolution culturelle des EAU. L’Université Paris IV-Sorbonne d’Abu Dhabi propose entre autres un Master en histoire de l’art et muséologie, qui est d’ailleurs suivi par certains des employés du musée dans le but de perfectionner leurs compétences. Les formations offertes mettent en valeur « la coopération culturelle, technique et scientifique entre les deux parties ». 

L’université « établ[it] et développ[e], pour le bénéfice des EAU et du monde, une université au sein de laquelle les compétences fondamentales et le riche héritage de Sorbonne Université à Paris stimulent l’excellence intellectuelle, l’innovation, la pensée critique, l’harmonie entre les cultures et le développement de la connaissance. » 

 

L’établissement d’une université française sur le territoire émirien est l’apogée culturelle que l’Émirat souhaitait atteindre. Signalons que d’autres pays ont contribué au paysage universitaire des Émirats comme les États-Unis

 

L’émirat a la volonté de s’affranchir de son passé plutôt conservateur et de montrer un visage plus moderne tout en préservant la vivacité et l’intégrité de ses traditions. C’est l’une des missions que le gouvernement d’Abu Dhabi s’est donnée. 

 

Île de Saadiyat

4.1. Géographie et histoire

Saadiyat (île du Bonheur) est une île de sable naturelle de 27 km2 qui se situe à 500 mètres de l’île d’Abu Dhabi, tout près de l’aéroport d’Abu Dhabi. L’île est divisée en sept districts : le district de la plage, de la culture, de la marina, de la promenade, des lagons, la « réserve » et le « refuge »(voir l’Annexe 2). Les noms d’une grande simplicité imagée donnés aux districts reflètent bien leur nature, sauf pour ce qui est des districts de la réserve et du refuge. Le district de la réserve abrite un terrain de golf et une réserve naturelle, alors que le district du refuge se compose exclusivement d’infrastructures résidentielles. L’île est un havre pour les nombreux touristes qui visitent Abu Dhabi chaque année. Abu Dhabi aspire à ne pas répéter ce qu’elle considère les même erreurs qu’à fait Dubai comme le tourisme de masse.

 

Le complexe culturel qui nous concerne est formé de musées et d'institutions culturelles divers. On y retrouve notamment un musée pour les amateurs d’art contemporain (le Guggenheim Abu Dhabi) qui sera fonctionnel en 2025. Dans le but de capter l’intérêt des habitants, d’autres musées qui ont des thèmes plus folkloriques, patrimoniaux, identitaires et culturels s’adressent aux classes populaires, comme le musée national de Zayed.  

 

En 2005, l’Abu Dhabi Authority for Culture and Heritage (ADACH) dont la mission est « de promouvoir le patrimoine culturel et la culture de l’émirat » est fondé. Abu Dhabi doit diverses initiatives culturelles comme l’atelier des arts, les Archives nationales et d’autres activités comme la foire du livre internationale d’Abu Dhabi à cet organe statutaire. En 2012, l’ADACH et  l’Abu Dhabi Tourism Authority (ADTA) fusionnent pour devenir l’Abu Dhabi Tourism and Culture Authority (TCA). Le gouvernement émirien a également créé le Department of Culture and Tourism- Abu Dhabi (DCT) en 2012 et celui-ci remplacera complètement le TCA en 2017. En 2006, une société, la Tourism Development and Investment Company (TDIC), voit le jour afin d’accompagner l’ADACH dans la mise en œuvre « de la stratégie de développement touristique du gouvernement de l’émirat ». Grâce à l’UNESCO, ces divers acteurs et organismes ont défini un plan de développement culturel qui visait à faciliter la réalisation du projet de revitalisation culturelle de l’émirat. C’est dans le cadre ce plan que le projet de l’île de Saadiyat a pris forme

L’île de Saadiyat a été conçue et aménagée comme une île à vocation touristique par le TCA. Une des stratégies mises en œuvre visait notamment à promouvoir le tourisme et la bonne réputation de l’émirat sur la scène internationale. Par ailleurs, l’île est aménagée pour faciliter la circulation des flux de marchandises afin de simplifier et d’accélérer les échanges commerciaux. Il y a également une organisation des visiteurs. Ceux-ci sont séparés selon leurs classes socio‑économiques afin de permettre une consommation facile des objets et services de luxe désirés et des loisirs, y compris ceux liés à la haute culture. Les investissements étrangers revêtent une grande importance pour Abu Dhabi. Contrairement à d’autres zones des EAU, Saadiyat a une réglementation qui a été assouplie pour les institutions. Les propriétaires d’entreprise conservent la pleine propriété de leurs entreprises et ne sont pas soumis à l’impôt sur les sociétés émiriennes. L’île incarne l’idée de richesse et d’opulence culturelle, comme l’avaient envisagé le cheikh Khalifa bin Zayed al Nahyan et le cheikh Mohammed bin Zayed al Nahyan. 

 

Afin d’impulser l’expansion commerciale et culturelle d’Abu Dhabi, il fallait procéder à une restructuration du territoire, un projet qui a été mené sous la supervision du TCA. La réhabilitation des diverses zones existantes constituait la première étape de cette restructuration. Il s’agissait d’éliminer les zones et les constructions trop ancrées dans le passé et de les remplacer par des infrastructures dotées d’un esthétisme plus moderne et cosmopolite afin d’attirer les touristes du monde entier. Une façon d’illustrer la modernité tout en n’oubliant pas la tradition. La restructuration des espaces a fait émerger une ségrégation dictée par le nouvel espace urbain au détriment des habitants de l’émirat.  La deuxième étape consistait à aménager l’île de Saadiyat de manière à pouvoir guider les visiteurs vers des zones spécifiques et distinctes, en fonction de leur classe socio-économique. Le but de cette étape était de rendre indécelables aux yeux des visiteurs les démarcations sociales grâce à des subterfuges et de désigner clairement les espaces réservés à chaque classe, évitant ainsi aux personnes appartenant à des classes sociales différentes de se rencontrer. Il faut cependant noter que cette stratégie ne semble pas concorder avec l’idée d’inclusion et de tolérance qui avait été adoptée comme credo par Abu Dhabi.

4.2. Plan Abu Dhabi Vision 2030 : Stratégies touristiques et économiques

Le plan Abu Dhabi Vision 2030 du gouvernement prévoyait un projet d’aménagement d’installations culturelles et ludiques. La TDIC a investi 30 milliards de dollars américains, sur une période de 15 ans pour ce projet. Le projet ciblait « l’environnement, les usages du territoire, les transports, les espaces ouverts et l’image de la ville ». Pour mener à bien tous les sous-projets prévus, le gouvernement a fait appel à des sociétés privées comme Gensler (cabinet d’architecture et de conception internationale) ou encore Miral (manager de destination) afin de l’aider à diversifier les services et domaines. 

 

Les EAU sont conscients du pouvoir que procure la culture. Celui-ci a longtemps été insoupçonné et discrédité au profit du pouvoir militaire considéré comme plus légitime. La tendance s’est toutefois inversée au fil des ans. Le projet de l’île du Bonheur a donc été considéré comme une solution acceptable pour favoriser la diversification économique d’Abu Dhabi et asseoir ses aspirations culturelles. L’Émirat peut, grâce à une valorisation de la culture mondiale et mondialisée, mettre de l’avant sa propre culture et la faire connaître surtout à travers ses musées plus patrimoniaux et folkloriques (musée de Zayed). Pour l’auteur Kazerouni, le Louvre d’Abu Dhabi s’inscrirait plus de l’ordre des musées miroirs. Un musée dont l’approche est d’imiter les grands musées tout en permettant à Abu Dhabi de se frayer un chemin vers la notoriété.  On peut aussi voir dans le projet du Louvre Abu Dhabi, un musée qui s’inscrit plutôt dans l’optique d’une marque de luxe comme c’est le cas pour l’importation de magasins de luxe sur le territoire

 

Tous les réseaux de transport menant aux quatre coins de la ville et de l’île ont aussi été repensés. En 2009, la société Mobility in Chain (MIC) a mené des analyses portant sur les transports en commun, la circulation des piétons et les stationnements, entre autres. Il s’agissait avant tout de répondre aux pratiques urbaines et durables reconnues mondialement. La nouvelle vision de la ville prévoit également un plan économique qui ne se limite pas à instaurer une approche culturelle et touristique. De fait, elle s’articule autour des grands axes suivants : 

 

« 1o Construire un environnement commercial ouvert, efficient, efficace et intégré à l’échelle mondiale; 2o Adopter des politiques budgétaires disciplinées qui répondent aux cycles économiques; 3o Établir un environnement de marché monétaire et financier résilient avec des niveaux d’inflation gérables; 4o Stimuler une amélioration significative de l’efficacité du travail marché; 5o Développer une infrastructure suffisante et résiliente capable de soutenir la croissance économique anticipée; 6o Développer une main-d’œuvre hautement qualifiée et hautement productive; 7o Permettre aux marchés financiers de devenir les principaux financiers des secteurs et des projets économiques ».

 

L’île de Saadiyat est idéalement positionnée afin de remplir la mission culturelle et touristique d’Abu Dhabi (près de l’aéroport). Son aménagement constitue le premier projet de modernisation de cette envergure mené à Abu Dhabi.

 

5. Développement culturel et muséal  

 

Pour favoriser la modernisation accélérée de l’EAU, le cheikh Zayed a mis un point d’honneur à développer le secteur culturel émirien dans l’espoir de pouvoir ancrer le patrimoine culturel dans cette nouvelle modernité. Étant donné que l’épanouissement de la culture devait permettre de cultiver une  l’identité nationale, un soutien, notamment financier, a été accordé aux arts traditionnels et à la création artistique moderne et contemporaine. Dans les années 1970, Sharjah est le premier émirat à établir des programmes d’art de niveau universitaire, des théâtres et d’autres activités culturelles. Cette « révolution culturelle » a éveillé chez Abu Dhabi l’aspiration de diffuser également la culture émirienne. 

 

Il est manifeste que chaque État s'est concentré sur le développement des musées et la mise en valeur du patrimoine de différentes manières en fonction de ses politiques et priorités en matière de patrimoine culturel. Dans les Émirats arabes unis, par exemple, chaque émirat a adopté une approche en faveur du développement du patrimoine culturel qui a été façonnée par l'orientation stratégique des dirigeants, les autorités culturelles propres à chaque émirat et les ressources économiques. Plus précisément, Abu Dhabi a adopté une « approche mondialisée » donnant la priorité au tourisme et aux événements, tandis que Sharjah a privilégié une « approche localisée » et Dubaï, une « approche créative globale »

 

Il existe deux statuts pour les musées aux EAU: le musée privé et le musée public. Les musées privés « sont [d]es musées appartenant à, ou administrés par, des particuliers, des organismes privés ou des collectivités à caractère public telles que des sociétés, des fondations, des institutions éducatives, des églises, etc. ». Un exemple d’un musée avec ce statut spécifique est le Musée privé Salsali à Dubaï. Ouvert depuis 2011, ce musée a pour mission de faire rayonner l'art contemporain du Moyen-Orient. Ces espaces d’exposition se rapportent plus aux expositions ayant une approche axée sur le globalisme qui met les communautés au centre des collections, des expositions et repose sur l’engagement du public

 

Il ne faut absolument pas oublier que depuis la création du premier musée en 1957 à Abu Dhabi, à savoir le Musée national du Koweït, les musées privés et publics bénéficient de l’aide de consultants occidentaux afin de construire leurs collections archéologiques, mais également de « standardiser le discours » historique désiré par la classe politique et la famille royale. La tradition muséale émirienne, encore toute jeune faut-il le préciser, repose sur les mêmes principes et pratiques qui animent les traditions muséologiques d’Europe occidentale. Par conséquent, les premiers musées émiriens à voir le jour étaient certes définitivement axés sur la mise en valeur d’un passé national, mais ils reposaient explicitement sur des modèles mondiaux et des pratiques muséales transnationales. 

 

Il n’y aurait donc pas de muséologie (scénographie, muséographie, etc.) émirienne à proprement parler, du moins selon Christina Kreps (directrice du Musée d'anthropologie, des études muséales et du patrimoine à l'Université de Denver), Sarina Wakefield et l’ensemble des chercheurs occidentaux. 

 

Cette revitalisation de nature culturelle, infrastructurelle et même économique est, pour plusieurs experts du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), consternante en raison de l'omission, volontaire ou non, de l’importance de la préservation de l’architecture traditionnelle de la région et la création de musées contemporains du moins dans les années 1960. Dans la préface de Museum In Arabia, Mounir Bouchenaki et Christina Kreps analysent l’évolution des musées dans la région du Golfe. Une transformation qui se déroula sur plusieurs décennies. Ce n’est que dans les années 1980-1990 que les musées adoptent une approche muséologique centrée sur « l’identification des relations entre le passé et l’image que ces musées veulent projeter d’eux-mêmes dans ce monde globalisé ». Il faudra attendre jusque dans les années 1990 pour assister à la création à Abu Dhabi de programmes culturels internationaux. En parallèle, les Émirats se dotent d'un réseau d'organisations vouées à la sauvegarde et à la protection de la culture autochtone, dont l'Emirates Heritage Club à Abu Dhabi et le Zayed Centre for Heritage and History. La croissance rapide des projets et activités culturels a été perçue comme un « changement significatif dans le nationalisme culturel des Émirats arabes unis ». 

 

La tradition muséale des Émirats s’est construite sur d’autres assises que celle des musées européens. Les premiers musées émiriens étaient de type historique et archéologique comme ce fut le cas en Amérique du Nord, et non pas des musées d’art comme ce fut le cas en Europe. Il est évident que le territoire émirien renferme beaucoup de trésors archéologiques, ce qui explique tout naturellement la vocation archéologique et historique des premiers musées établis dans les divers Émirats, dont Abu Dhabi. 

 

L’histoire des musées à Abu Dhabi s’inscrit dans le renouveau économique et identitaire auquel aspire l’ensemble de la région . Une pratique courante pour l’époque, ces forts sont restaurés selon les ordres du Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan avec des matériaux locaux. Les forts sont des monuments historiques pour les Émiriens qui témoignent d’un savoir-faire séculaire et d’une richesse culturelle . L’un des exemples phares de ces mobilisations architecturales est le Musée National d’Al Ain qui appartient au département de la Culture et du Tourisme comme toutes les institutions de même nature. Ce musée avait une vision bien précise : produire et même inventer un récit culturel et identitaire. Les musées ont toujours été utilisés comme outils de construction de la tradition et de communautés inventées servant à assouvir le rêve de nation de la société émirienne . Cet imaginaire est un amalgame de l’histoire, le lignage et la religion de ce territoire finement tissé.

 

La ville d’Al Ain, qui se situe à la frontière avec le Sultanat d’Oman, a été sélectionnée pour accueillir le premier musée de l’Émirat d’Abu Dhabi en raison de ses divers et nombreux sites archéologiques (5 000 ans). Il s’agit du territoire qui a accueilli les premières civilisations de la région et permis le développement d’oasis. Le musée d’Al Ain s’est retrouvé à occuper certains locaux du fort du Cheikh Sultan bin Zayed Al Nahyan. La collection du musée, à l’instar de celle de plusieurs autres musées à vocation archéologique et historique, s’appuie en premier lieu sur les découvertes archéologiques faites sur le territoire, comme l’a indiqué M. Ateeq bin Halees Al Dhaheri et sa mère dans une entrevue de terrain pour laquelle il n’existe pas d'informations supplémentaires. Les collections des premiers musées émiriens contiennent même des objets provenant de citoyens ayant fait don de leur héritage personnel pour le transformer en patrimoine commun, notamment des burqas décorées. Il faut savoir que les généreux « donateurs » ont été compensé financièrement pour leurs dons. Les premiers musées émiriens sont caractérisés par des collections qui reposent sur des objets autochtones et traditionnels. Les structures des forts, en plus d’attester d’un savoir ancestral, préservent la mémoire des Émiriens à travers ces murs qui ont vu passer leurs ancêtres dans leur vie du quotidien. Les étrangers, eux, sont invités à découvrir ce patrimoine et cette culture expliqués par les guides et les diverses sources textuelles se trouvant sur le site.

 

Le musée fut réellement inauguré en 1971, au lendemain de l’ajout d’un nouveau bâtiment constitué de deux salles en 1970. En raison de nombreuses nouvelles découvertes faites à Al Ain et d’un manque flagrant d’espace, un problème auquel sont confrontées de nombreuses institutions encore aujourd’hui, deux autres salles ont été aménagées afin de pouvoir exposer un nombre grandissants d’objets en 1975. À quoi ressemblait exactement ce musée ?

 

D’après la même entrevue, interrogeant M. Ateeq bin Halees Al Dhaheri et sa mère, Dr Walid Yasin AlTikriti explique à son tour que le musée fonctionnait avec un nombre très limité de membres du personnel. Pour ce qui est du traitement des objets, les nouveaux artefacts étaient documentés et enregistrés dans un registre (Antiquities or Heritage Department) et un numéro unique leur était attribué en vue de faciliter le repérage et de pouvoir les réarranger par ordre chronologique. On retrouvait dans les expositions des cartels donnant des informations sur l’objet exposé et (je ne comprends pas ce qui suit) la préservation de cartes et de photographies. Le musée d’Al Ain se divisait en deux sections : une section ethnographique et une section archéologique. 

 

À l’époque, l’une des salles de la section ethnographique mettait en relief l’histoire des Émiriens avant le boom du pétrole et les étapes de la création de cet État. Dans les premières salles d’exposition, on proposait aux visiteurs des vitrines et des cabinets avec pour thème les cabinets d’enfance et l’éducation des jeunes. L’exposition était composée de mannequins grandeur nature représentant une mère prenant soin de son enfant dans un berceau (manz). Ce genre de représentation rappelle les Living History Rooms très populaires en Amérique du Nord dans les années 1960. Le musée fait donc ici appelle à des reconstitutions de scènes de la vie quotidienne afin de faire connaître aux visiteurs la vie des premiers émiriens. Par ailleurs, les objets exposés dans les diverses salles du musée étaient de nature très éclectique. Certaines salles présentaient, par exemple, des herbes traditionnelles et des médicaments, comme le thym, l'aloès et d‘autres spécimens naturels. D’autres sections du musée mettaient en valeur des collections d’armes, comme des épées, des flèches, des haches et d’autres objets liés au thème de l’armement. Voici quelques exemples de l’étendue de cette collection. 

 

La section d’archéologie du musée se concentre sur les monuments historiques et l’histoire chronologique des civilisations ayant foulé le sol des Émirats. On y expose des outils, des tombes (empilé de roches), des poteries, des bijoux, des pendentifs en forme d’animaux, des cadeaux offerts par diverses puissances, modèle d’un bateau (ivoire,) modèle d’un aigle, etc. Il faut savoir que cette collection appartient à la compagnie de pétrole « ADMA ». 

 

Comme nous l’avons déjà dit, le Musée National d’Al Ain a été créé selon un modèle muséographique occidental. Il est néanmoins possible, à partir de photographies (la disposition décrite précédemment peut être retracée au moins jusqu’au mois d'août 2018, d’après des photographies de Trip Advisor), de distinguer un style qui est propre à ce musée en particulier, voit-on là un modèle hybride muséologique? La plupart des objets ont été disposés dans des vitrines et des présentoirs. Cependant, certains objets, comme des vases et des coffres, sont exposés à même le sol, en l’absence de tout dispositif de protection semble-t-il, sans même une délimitation de l’espace par le biais de poteaux à cordes. Ce type de disposition est rarement pratiqué par les musées, car elle est peu sécuritaire. Le musée est très loin de l’archétype du « white cube », à savoir le style très épuré et minimaliste que l’on retrouve dans les galeries et musées d’art qui se trouvent ailleurs sur le territoire. La théorie qui sous-tend le style « white cube » est que celui-ci « neutralise » l’espace d’exposition grâce à des murs blanc mat et à un éclairage homogène provenant du plafond, ce qui fait ressortir les pièces exposées. L’espace est généralement dépourvu de fenêtres stabilisant l’éclairage. Il s’agit en effet du dispositif qui a grandi en popularité depuis les années 2000 dans le domaine des arts visuels contemporains et/ou actuels et qui est devenu la norme

 

Depuis les années 2000, la construction de musées à grande échelle est dirigée par l'État et marque un nouveau boom muséal dans les Émirats. C’est à cette époque que les autorités commencent à nourrir l’ambition de créer des musées de renommée mondiale, comme le Louvre d’Abu Dhabi et le Guggenheim Abu Dhabi. La construction et l’aménagement de ces musées ont su capter l’intérêt local, national et international. 

 

Contrairement aux premiers musées émiriens, notamment le musée d’Al Ain, qui mettent en scène la tradition, l’histoire et la mémoire vive du peuple émirien, les musées établis à Abu Dhabi des années 2000 suivent désormais le modèle dit Wakefield : « un modèle hybride muséologique alliant les pratiques de l’Orient et celle de l’Occident provenant de procédé interculturel et d’échange ». Or les pratiques mises en œuvre par l’Occident et l’Orient sont très disparates. Dans la muséologie du monde oriental, le médium et l’expérience sont aussi importants que le message qui est transmis aux visiteurs. Alors que les musées occidentaux privilégient les cartels et panneaux explicatifs pour accompagner et expliquer les objets exposés, les musées du monde oriental accordent une plus grande importance à l’animation et au divertissement collectifs. Les musées et les institutions en Orient accordent autant d’importance à la planification des programmes qu’à la planification des expositions. Ils réservent une place essentielle aux festivals, aux soirées et autres activités afin de favoriser la convivialité et la vie sociale. 

 

Comme cela a été mentionné précédemment, la disposition et l’organisation du Musée National d’Al Ain ont peu évolué depuis son ouverture. C’est pourquoi le Département de la culture et du tourisme entreprend la restauration et l’expansion du musée d’Al Ain en 2018. Cette restauration, qui a pris fin en 2020, a permis d’actualiser les salles d’exposition et de perfectionner l’image et la position culturelles de cet ancien édifice historique dans l’horizon patrimonial. Le musée a aussi pu développer ses capacités de recherche, d'entretien et de préservation des collections. Il peut désormais tirer profit des toutes dernières technologies disponibles, ce qui lui permet ainsi de mieux mettre en valeur la collection et les récits qu’ils désirent transmettre au public et protéger précieusement pour les générations futures.

 

Aujourd’hui, les musées d’art aux Émirats n’ont rien à envier à ceux en Europe. Ils ont été conçus par des architectes de renom comme Jean Nouvel pour le Louvre d’Abu Dhabi et Frank Gehry pour le Guggenheim Abu Dhabi. Comme les Émirats font tout en grand, l’architecture de ces musées s’apparente à ce que l’on retrouve en Europe et en Amérique et leurs structures dépasse l’imaginaire commun. Les similarités ne s'arrêtent pas là. Les EAU sont devenus une plaque tournante touristique et culturelle grâce à la richesse du pays. Ils peuvent donc constituer des collections de qualité supérieure qui rivalisent avec celles des plus grands musées du monde. 




Transfert culturel : La muséologie occidentale dans le Golfe

 

La muséologie occidentale a donc exercé de fortes influences sur les musées établis dans les Émirats, et ce dès l’instauration des premiers musées. L’appropriation directe du modèle occidental ne s’est pas faite dans un cadre de domination, mais en réponse au plan économique et touristique mis de l’avant par Abu Dhabi. Or il faut se rappeler que Wakefield affirme qu’il faut se garder de réduire ce processus d’appropriation à une fusion complète et limpide ne laissant pas transparaître des vecteurs des cultures concernées ou bien de conclure à l'absorption de la culture dominante de la culture dominée. En vérité, on peut entrevoir les nuances et subtilités de la culture émirienne et déterminer les aspects qui sont réappropriés et ceux qui sont rejetés.

 

Nous avons déjà discuté de la possible hybridité muséologique que l’on pourrait déceler au Louvre d’Abu Dhabi, mais la véritable différence culturelle entre les EAU et le monde occidental ne réside peut-être pas dans les approches muséologiques adoptées par les uns et les autres, mais plutôt dans l’approche face à la culture et au patrimoine. Exell dans son livre intitulé Cultural Heritage in the Arabian Péninsula souligne ces différences. Dans un premier temps, elle mentionne un rapport au temps qui diffère grandement entre les deux cultures. Il faut en effet comprendre que les cultures du Moyen-Orient et d’Asie conceptualisent la temporalité non pas sur un modèle monochronique, mais au contraire sur un modèle polychronique. Pour les cultures monochroniques, comme en Amérique du Nord (États-Unis, etc.) et en Europe occidentale (Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suède, etc.), le temps est linéaire et programmé avec précision. Il peut être segmenté et chaque segment représente un moment précis. On parle alors d’une organisation séquentielle du temps. Dans le cas des cultures polychroniques (comme dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine), le temps est géré en prenant en compte les changements réguliers, la réalisation de plusieurs tâches à la fois, les interruptions et les imprévus. De manière analogue, les relations interpersonnelles occupent une place importante dans l’organisation séquentielle des journée dans ces pays, et le respect des délais passe au second plan. Il va de soi qu’il s’agit d’une définition générale de ces deux modèles. 

 

 Dans Cultural Heritage in the Arabian Peninsula, au chapitre cinq « Spectacle and Participation: A New Heritage Model from the UAE », les auteurs et fondateurs de l’agence de consultation Barker Langham pour les musée et la culture ayant rapportée plusieurs prix depuis 2005, Eric Langham et Darren Barker abordent le modèle monochronique en expliquant  qu’aux Émirats, le patrimoine et l’histoire ne sont pas associés à un moment particulier auquel se rattache une célébration (modèle monochronique), mais préférablement se forment à partir de toutes les couches qui les transforment et qui doivent être préservées. Le patrimoine n’est pas la préservation d'objets qui sont indépendants les uns des autres et, dans le cas du patrimoine immatériel, que l’on commémore annuellement ou bien à un autre moment précis. C’est plutôt une essence vivante et en continu dont chaque passage doit être préservé pour les générations à venir. Par ailleurs, les générations futures répondront et se connecteront au passé à leur manière. Afin d’illustrer cette notion, les auteurs donnent en exemple des forts dont chaque couche de terre utilisée pour les ériger représentant un passage du temps qui doit être préservé. 

 

Pour l’Émirat d’Abu Dhabi, il existe des archétypes quand on parle des pratiques patrimoniales de cette région. Le patrimoine imprègne diverses facettes de la vie quotidienne et est « inclusif, dynamique, participative et très politisé ». Comme nous le savons déjà, les forts occupent une place importante dans le patrimoine émirien, en plus du fort d’Al Ain, le fort d’Al Jahili a lui aussi un rôle culturel important. Il possède un nouveau centre d’information pour les visiteurs et deux espaces d’exposition : un pour les expositions temporaires et l’autre pour l’exposition permanente pour Mubarak bin London (Wilfred Thesiger), un officier militaire britannique, explorateur et écrivain ayant marqué la région. Le public local dispose de la cour spacieuse du fort, qui est exploitée pour des événements tels que le festival de musique de chambre Al Ain Classics, des projections de films (dans le cadre du Festival du film du Golfe), et des spectacles de danse folklorique et de musique.

 

Par ailleurs, les attentes des visiteurs des musées ou autres institutions culturelles des Émirats ne sont pas les mêmes qu’en Occident. L’expérience culturelle émirienne repose sur « des dynamiques et aspects sociaux de la culture, non pas sur des motivations affectives ou éducatives  ». Cela a de quoi surprendre quand on sait que les musées sont souvent reconnus comme étant des lieux d’apprentissage ou de divertissement. Toutefois, l’organisation d’expositions conceptualisées autour du dynamisme et des sens permettent de meilleures interactions sociales (approches polychroniques) et mettent l’être humain au centre grâce à l’injection d’histoires à l’échelle personnelle, ce qui permet des connexions plus émotionnelles.  

 

En Occident, les musées d’aujourd’hui s’attachent également à créer un espace propice aux échanges publics qui est accueillant pour les communautés. L’ICOM a revu sa définition de ce qu’est un musée afin de mieux représenter la nouvelle réalité des musées : « les musées opèrent et communiquent de manière éthique et professionnelle, avec la participation de diverses communautés». Les musées s’efforcent désormais de mettre en pratique un modèle de gestion de type bottom-up, en prenant désormais plus en considération les divers publics et communautés. En fonction de leur taille, les musées se définissent désormais comme des lieux interculturels où se rencontrent diverses cultures, comme le mentionne Clifford. Cette approche à leur public est difficilement applicable si l’on considère le caractère des espaces publics aux EAU. La mise en œuvre d’une approche ascendante qui tient compte des désirs du public est peu réaliste dans un pays comme les Émirats où les libertés individuelles restent limitées et les citoyens sont très surveillés par les autorités. Il y a en effet une plus grande différence entre l’espace public et  privé dans les Émirats et celui dans les pays où règnent une plus grande liberté et une meilleure protection des droits. Aux Émirats, les espaces privés qui sont réservés aux discussions et aux débats sont les majlis (lieu familial) et les diwaniyyas (espace lié à la politique). Ces espaces sont fortement genrés, puisque les hommes et les femmes ont habituellement chacun leur propre majlis, mais cela tant à changer pour ce qui est des diwaniyyas.

 

Aux Émirats arabes unis, le passé n’est pas considéré de manière isolée. Il est associé au  présent et au futur pour former un tout qui est en constante mutation, et ce, sous le signe de la dichotomie. Les Émiriens s’attachent, en fonction de leurs propres sensibilités, à trouver un équilibre parfait entre le passé et le présent, entre les traditions et la modernité. La muséologie émirienne se répartit désormais en deux temps qui coexistent. Il y a d’une part, un patrimoine autochtone et, d’autre part, un héritage « franchisé », à savoir un héritage qui s’acquiert à travers une relation légale entre deux parties, le franchiseur (heritage organisation) et le franchisé (gouvernement d’Abu Dhabi). Cette façon de percevoir le temps et le patrimoine se reflète-t-elle dans les musées franchisés et, dans le cas présent, au Louvre d’Abu Dhabi ?